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« La relation mère-enfant est aussi vitale pour le développement général du bébé que les vitamines ou les protéines pour le développement physique » John Bowlby.
C’est John Bowlby qui l’a énoncé la première fois après avoir étudié des jeunes délinquants et des enfants hospitalisés. D’autres personnes après lui ont enrichi la théorie.
Dans ma pratique, que ce soit à l’attention d’un couple comme d’un individu, j’ai toujours en tête cette théorie de l’attachement qui donne des pistes de travail pour le plan de traitement.
Les grands principes de la théorie de l’attachement
Le type d’attachement développé par les jeunes enfants et donc du futur adulte dépendent de la qualité des soins qu’ils ont reçus.
Il y a 4 styles d’attachement : 1 style d’attachement sécure et 3 styles d’attachements insécures (ambivalent, évitant, désorganisés)
L’attachement de type sécure
L’enfant se sent en sécurité et a du plaisir à explorer le monde. Il se sent peu en détresse lorsque le parent s’en va car il sait que celui-ci va revenir. En cas de besoin (peur, tristesse) il se dirige vers son parent pour trouver le réconfort car il sait qu’il va répondre de façon appropriée, rapide et cohérente à ses besoins. Les enfants sécurisés ont confiance en la disponibilité de leurs figures d’attachement. Ils développent ainsi un sentiment interne de sécurité.
Les enfants avec un attachement sécurisé développent généralement des compétences de régulation émotionnelle. Ils sont capables de gérer leurs émotions de manière adaptative avec le soutien de leur figure d’attachement.
Une fois adulte, les personnes à l’attachement sécure n’ont aucun problème à faire confiance, à se sentir à l’aise dans l’intimité avec leur partenaire. Ils peuvent dévoiler à leur partenaire leurs besoins et émotions tout en étant sensible à ceux des autres. L’affection est facile et ils n’ont pas peur d’être abandonné ou que l’autre soit envahissant. Un désaccord dans la relation ne leur fait pas peur et ne les amènent pas à douter de ta relation. Il se sentent confortables d’affirmer leur opinion.
Les parents des enfants ayant un attachement sécurisé sont souvent sensibles et réceptifs aux besoins émotionnels de leur enfant et sont capables de comprendre et de répondre de manière appropriée aux signaux émotionnels de l’enfant.
L’attachement de type évitant
Les personnes qui ont un type d’attachement évitant provient d’expériences passées qui les ont amenées à penser qu’il est plus sûr d’éviter l’attachement émotionnel.
Elles ont connu peu d’échange affectif durant le jeu, peu ou pas de signe de détresse en cas de séparation et lors du retour.
S’ils sont pris dans les bras, ils ignorent ou se détournent sans faire d’effort pour maintenir le contact, traite les étrangers de la même façon que le donneur de soin. On ne leur a pas donné de réponse lorsqu’ils étaient stressés, on a découragé leurs pleurs et encouragé leur indépendance.
Elles ont ainsi développé une théorie sur eux-même selon laquelle ils n’ont pas besoin des autres, ce qui lui permet de justifier leur comportement distant. Ils affirment qu’il se suffisent à eux-mêmes et que tout va bien ainsi. Ils masquent leur besoin de contact (plus ou moins enfoui) par un bouclier d’estime de soi.
Une fois adultes, les personnes à l’attachement évitant mettent souvent en avant leur besoin d’autonomie, ont besoin de se retrouver dans une “bulle” à distance de leur partenaire ou de leur famille. Elles ont tendance à éviter l’intimité avec leur partenaire et présentent une certaine indifférence à l’égard de leurs besoins.
Ils ont tendance à minimiser ou à nier leurs besoins émotionnels. Ils peuvent avoir du mal à exprimer leurs émotions ou à reconnaître l’importance des émotions dans les relations.
Ils ont une forte préférence pour l’indépendance et peuvent être réticentes à dépendre émotionnellement des autres. Elles cherchent fréquemment à résoudre leurs problèmes par elles-mêmes.
Parmi les signes d’un attachement évitant :
- La difficulté à établir des liens étroits
- La peur de l’engagement,
- Une dépendance minimisée (minimisation de l’importance de la dépendance émotionnelle)
- Difficulté à faire confiance
- Compétence sociale superficielle
L’attachement de type Ambivalent/Résistant
Les personnes à l’attachement de type Ambivalent/Résistant sont incapables d’utiliser le parent comme base de sécurité, Stressé par la séparation mais de façon ambivalente, en colère, montre de la répugnance à manifester des signes de sympathie pour le donneur de soin et retourne jouer. Préoccupé par la disponibilité du donneur de soin, cherche le contact mais résiste avec colère lorsqu’il survient. Pas facilement apaisé par un étranger. Incohérence entre des réponses appropriées et d’autres négligentes.
L’enfant se sent en grande détresse lorsque le parent s’en va, il n’est pas tout à fait certain que le parent reviendra et sera émotionnellement disponible pour répondre à ses besoins. Une fois adulte, les personnes à l’attachement ambivalent ont tendance à vivre des relations empreintes d’anxiété et de frustration, elles ont peur d’être abandonnées. Pour contrer cette anxiété, elle peuvent avoir tendance à chercher à contrôler la relation et/ou à se soumettre à leur partenaire.
Le style d’attachement ambivalent/résistant se manifeste généralement lorsque le parent ou la figure d’attachement est inconsistant dans ses réponses aux besoins émotionnels de l’enfant. Les enfants ayant ce type d’attachement peuvent montrer une préoccupation excessive à l’égard de la disponibilité de leurs parents et peuvent être difficiles à consoler même lorsque les parents sont présents. Ils peuvent également présenter des comportements ambivalents, oscillant entre l’envie de proximité et la colère ou la frustration envers leurs figures d’attachement.
Les modèles d’attachement ambivalent/résistant sont souvent établis dans des contextes où les parents sont parfois disponibles et responsifs, mais d’autres fois non, créant ainsi une incertitude chez l’enfant quant à la disponibilité de ses figures d’attachement
L’attachement de type désorganisé
L’attachement de type désorganisé offre des stéréotypes en réponse, tels que se figer ou faire certains mouvements. On observe une l’absence d’une stratégie d’attachement cohérente, montrée par des comportements contradictoires et désorientés tels qu’approcher le dos en avant.
l’enfant, au moment où il a besoin de réconfort, se sent piégé entre son envie de se réfugier dans les bras de son parent – qui représente une figure de sécurité – et la terreur qu’elle peut représenter de façon imprévisible. Il se retrouve alors dans une impasse, se sent confus et démuni de stratégie pour obtenir une réponse à ses besoins. Ce sont des enfants qui ont un comportement évitant et résistant à la fois. Une fois adulte, ce style relationnel est inconsistant et souvent explosif.
L’attachement désorganisé se caractérise par des comportements contradictoires et confus de la part de l’enfant envers la figure d’attachement, souvent un parent ou une personne significative.
Voici quelques caractéristiques typiques de l’attachement désorganisé :
- Comportements contradictoires : L’enfant peut présenter des signes d’attachement ambivalents ou évitants de manière incohérente, ne montrant pas de stratégie claire face à la figure d’attachement.
- Peur ou appréhension envers la figure d’attachement : L’enfant peut exprimer de la peur ou de l’anxiété envers la personne censée fournir un soutien et une sécurité.
- Confusion émotionnelle : L’enfant peut sembler désorienté émotionnellement, avec des réponses contradictoires aux situations stressantes.
- Comportements inappropriés envers les soignants : L’attachement désorganisé peut s’accompagner de comportements inappropriés, tels que des réactions agressives ou des comportements étranges envers la figure d’attachement.
- Absence de stratégie d’adaptation cohérente : Contrairement aux modèles d’attachement sécurisé, ambivalent ou évitant, l’attachement désorganisé ne présente pas de stratégie d’adaptation claire face aux situations stressantes.
- Réponses paradoxales : L’enfant peut osciller entre des expressions d’affection et des comportements de rejet envers la figure d’attachement, créant ainsi des réponses paradoxales.
- Réponses inattendues face à la séparation ou la réunion : Lors de la séparation ou de la réunion avec la figure d’attachement, l’enfant peut réagir de manière inattendue, parfois de manière confuse ou désorganisée.
- L’attachement désorganisé est souvent associé à des expériences traumatiques, à des relations parent-enfant difficiles ou à des situations de négligence. Il peut avoir des implications importantes pour le développement émotionnel et social de l’enfant, et peut persister à l’âge adulte, influençant les relations interpersonnelles. Les recherches sur l’attachement désorganisé sont en évolution, et il est important de noter que chaque enfant est unique, avec des réponses individuelles aux expériences d’attachement.
Le mode d’attachement n’est pas figé et peut évoluer
John Bowlby a fait l’hypothèse que l’attachement sécure est biologiquement programmé en chacun de nous. Les perturbations qui surviennent au cours de la vie viennent donc enfouir cette sécurité interne, mais elle reste présente et accessible
Ainsi, les caractéristiques des modes d’attachement ne sont pas figées et peuvent évoluer au fil du temps en réponse à de nouvelles expériences et relations stables et sécurisantes sur le long terme et grâce à la psychothérapie.
Il est donc possible d’acquérir un attachement sécure à l’âge adulte, malgré les difficultés qu’on a pu rencontrer dans la vie.
Et dans le couple ?
Dans le cadre d’un couple par exemple, une personne avec un mode d’attachement insecure peut au contact d’une personne à l’attachement sécure acquérir un attachement sécure (on parle de deux à quatre ans).
Malheureusement, c’est souvent l’inverse qui se produit : des styles relationnels insécures ont tendance à s’attirer et à se renforcer mutuellement.
Les personnes avec un mode d’attachement insécure peuvent identifier les personnes sécures qui gravitent autour des personnes dont la façon d’envisager l’existence est assez apaisée, dont les relations sont stables, durables et peu conflictuelles. La relation thérapeutique elle-même peut également jouer un rôle important dans la modification des schémas d’attachement, en offrant une expérience relationnelle positive et sécurisante.
L’acquisition d’un attachement sécure modifiera progressivement votre vision du monde, de vous-même et de votre passé. Ce travail est difficile à entreprendre seul, il est donc conseillé de l’envisager à deux, au sein du couple (dans l’idéal, chacun travaillant sur ses difficultés et soutenant l’autre) ou bien en collaboration avec un individu identifié comme “base de sécurité” et qui accepte de vous guider dans vos questionnements.
A lire :
Attachement et perte (Attachment and Loss) par John Bowlby
John Bowlby est souvent considéré comme le père de la théorie de l’attachement. Sa trilogie « Attachement et perte » explore les liens émotionnels entre les individus et les conséquences de la perte d’attachement.
Gwénaëlle Persiaux (2021), Guérir des blessures d’attachement, Editions Eyrolles.
Si tu m’aimes, ne m’aime pas Approche systémique et psychothérapie Poche – 18 septembre 2014 de Mony Elkaïm
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